Congo : une journaliste menacée de mort après la publication d’une enquête sur les attentats de 1982
Aux lendemains de la publication de la première partie d’une enquête qu’elle a menée sur les attentats de 1982 à Brazzaville, la journaliste Rosie Pioth fait face des menaces de mort. L’organisation Journalisme et Éthique Congo (JEC) a appelé, lundi 21 juillet, à sa protection immédiate.
« Depuis début juillet, Mme Pioth subit une campagne d’intimidation inquiétante, liée directement à une enquête qu’elle mène sur un épisode marquant de l’histoire du Congo : les attentats à la bombe survenus à Brazzaville en 1982. », alerte lundi 21 juillet, Journalisme et Éthique Congo (JEC) dans un communiqué.
L’objectif de cette campagne d’intimidation dont est victime Rosie Pioth, journaliste d’investigation au Congo, est d’empêcher la publication de la suite de son enquête journalistique en trois parties. Elle s’est intensifiée en effet juste après la publication le 17 juillet de la première partie.
« Maya-Maya, l’attentat que personne n’attendait ! », est le titre de ce premier article qu’a publié Mme Pioth sur le site factcheck-congo.com. Quarante-trois ans jour pour jour après un attentat à la bombe qui a frappé l’aéroport international de Brazzaville, elle y a donné la parole aux « familles endeuillées (qui) réclament toujours justice et reconnaissance ».
Le Congo classé 71e sur 180 pays par RSF
« Dans les prochains épisodes de cette série, nous reviendrons sur les silences du procès… et les promesses d’indemnisation jamais tenues. », avait-elle annoncé à la fin de l’article. Dans le pays, le sujet est jugé sensible, car le procès de cet attentat meurtrier avait mis en cause la responsabilité de proches du président Denis Sassou Nguesso. De ce fait, la vague d’intimidation s’est intensifiée au point d’inquiéter cette organisation professionnelle. La JEC lance « un appel solennel aux autorités congolaises, pour qu’elles prennent toutes les dispositions nécessaires en vue d’assurer la sécurité de Mme Pioth, là où elle se trouve actuellement ».
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L’organisation qui appelle les journalistes congolais à la « solidarité et la vigilance », demande à « la communauté internationale, notamment (les) organisations de défense de la liberté de la presse, d’intervenir et de soutenir la protection de (leur) consœur. »
La situation que vit celle qui est par ailleurs la correspondante de France 24 dans le pays, illustre l’état de la liberté de la presse dans ce pays d’Afrique centrale qui a perdu 2 places, en un an, dans le classement mondial sur la liberté de la presse. Classé 69e en 2024, le Congo est passé à la 71e place sur 180 pays, dans le classement 2025 de Reporter sans frontières.
« Intimidations sur les réseaux sociaux, menaces téléphoniques, arrestations et emprisonnements arbitraires, voire expulsion ou exil contraint, les journalistes sont confrontés à une réelle insécurité au quotidien, surtout lorsqu’ils critiquent le gouvernement ou invitent l’opposition à s’exprimer », notait l’organisation dans son rapport sur la sécurité des journalistes dans le pays.